Wind into the Soul
Écrit par Pierre Bongiovanni, commissaire d’exposition
Souvent les photographes cherchent à décrire ce qu’ils perçoivent de la réalité. Ils s’essayent à documenter le monde ou à porter témoignage.
Le propos de Muriel Pénicaud est d’une autre nature. Ici, les images sont des portes et chacune d’elle ouvre la possibilité d’un récit dans la conscience de celui qui regarde. Que ce récit concerne ou non la réalité de la situation photographiée n’a aucune importante.
Pour elle, ce qui compte, comme dans ses précédents travaux autour des oiseaux («Wind under the Wings»), c’est l’état d’incrédulité, voire de sidération, dans laquelle la plonge la situation qu’elle photographie.
Que ces images soient réalisées hier ou aujourd’hui, ici ou ailleurs, est également indifférent. Ces moments ont bel et bien existés, ils se sont présentés à elle, elle les a saisis, les a transformé en images pour tenter d’en comprendre puis d’en partager le sortilège.
Dans cette nouvelle série consacrée aux femmes, elle se situe comme femme parmi les femmes et totalement résolue à ne rien lâcher, ni sur sa singularité ni sur sa liberté de penser et d’agir en tant que telle.
Les femmes qu’elle célèbre, par delà les âges, les cultures, les religions et les idéologies témoignent de leur capacité à déployer leur liberté, leur autonomie, leur souveraineté par la force née de la puissance de leur seule intériorité : c’est parce qu’elles ont cette capacité de donner à leur présence au monde une dimension épique, qu’elles sont aussi capables d’incarner le désir de mouvement et de liberté.
En identifiant cela chez d’autres femmes, elle leur avoue se reconnaître en elles, tout en offrant au regardeur, qu’il soit un enfant ou un adulte, un homme ou une femme, le don de s’y retrouver aussi comme le dépositaire irremplaçable et indispensable de tous les mystères du monde.